Billet écrit par SHKareshi
Le dim, 10/05/2015 - 12:05
Catégories: Mode de vie

Monsieur l'inspecteur d'Académie de la Haute Vienne,

Si j'en arrive aujourd'hui à utiliser cet espace pour vous envoyer ce message, c'est hélas que vous n'avez pas daigné nous recevoir, nous, élus des communes de Roussac et de Rancon. Il y a plusieurs semaines, vous nous avez en effet fait savoir que notre RPI était sur la liste "en cours d'étude", pour savoir si nous étions "éligibles à la fermeture d'une classe". Nous avons alors naïvement cru qu'aucune décision n'était encore prise, et que nous aurions l'opportunité de vous rencontrer, pour vous présenter les différentes actions déjà lancées par nos communes pour redynamiser nos écoles et nos villages. Mais malgré nos sollicitations, il semble que vous n'avez hélas pas jugé nécessaire de nous rencontrer. Aussi, je profite de cette tribune à la visibilité nationale pour vous faire savoir le mécontentent de nous, élus, mais également des citoyens et parents d'élèves de nos communes respectives, face à votre mutisme et à l'absence de dialogue de votre part.

Est-il seulement possible de fermer une classe sans vous déplacer en personne sur les lieux ?

Est-il possible de fermer une classe en snobant ouvertement les élus qui représentent les communes concernées ?

Est-il possible de refuser le dialogue et de prendre des décisions qui ont des impacts majeurs sur la vie quotidienne de communes rurales ?

Je n'oublie pas cette interview que vous avez donnée au début de votre nomination, et toujours disponible en ligne, dans laquelle vous affirmiez que votre but "était de promouvoir l’attractivité éducative en favorisant l’égalité des chances (...) et de réduire les inégalités sociales". Est-ce en fermant des classes dans des zones de priorité rurale que vous comptez atteindre cet objectif ? Peut-être que vos belles déclarations n'étaient-elles qu'esbroufe pour vous faire valoir en arrivant à votre nouveau poste ? Ou votre démarche était-elle sincère, en s'inscrivant dans le long terme ?

Nos équipes municipales, bien conscientes de la réalité, avaient déjà mis en place des actions très concrètes depuis le début de leur mandat. Je vous rappelle au passage que nos deux conseils municipaux sont formés par de nouvelles équipes. Vous n'êtes pas sans savoir que redynamiser des villages et des écoles prend du temps. Fermer une classe aujourd'hui, sans consultation et sans débat véritable, reviendrait à nous couper l'herbe sur le pied, et à envoyer un message très négatif auprès des potentiels futurs habitants. Ce qui reviendrait à réduire tous nos efforts à néant. Je constate aujourd'hui, hélas, que vous ne nous avez même pas laissé l'occasion de vous présenter en personne nos différentes initiatives.

Je tiens par ailleurs à vous rappeler que nos deux communes ont joué à 100% la carte de la réforme des rythmes scolaires, en proposant (malgré notre "enclavement rural" présupposé) aux élèves des activités variées, aussi bien locales qu'ouvertes sur le monde. Quelles autres communes peuvent se targuer de proposer aux enfants, entièrement gratuitement, des activités aussi variées telles que : poney, patois, peinture au couteau, couture, théâtre, tricotin, musique, yoga, zumba, gymnastique, motricité, atelier bibliothèque, aide aux devoirs etc… ? 

La réforme des rythmes scolaires a demandé à nos équipes municipales, mais aussi à nos bénévoles et à nos intervenants fort peu rémunérés, de nombreux efforts et investissements. Nos efforts et notre diligence doivent-ils être "récompensés" par la fermeture d'une classe ? Sans même qu'un véritable dialogue ou consultation n'ait pu avoir lieu ?

Aujourd'hui, il est hélas complètement aberrant de constater que, malgré l'augmentation des effectifs dans la Haute-Vienne d'un total de 118 élèves, vous ne procédiez pas à la création de nouveaux postes d'enseignants. Si nous suivons à la lettre votre logique des chiffres, celle-là même qui vous poussent à fermer l'une de nos classes sans le moindre véritable dialogue, il faudrait alors créer de nouveaux postes. Mais vous préférez fermer des classes soi-disant en sous effectif, pour les transférer dans d'autres communes. L'enseignement doit-il suivre une simple logique mathématique ? Alors que le gouvernement que vous représentez revendique justement l'importance et la priorité de l'éducation ?

Nous ne pouvons pas accepter une fermeture de classe, décidée de manière aussi unilatérale et arbitraire, dans le dénis le plus évident du dialogue, mais aussi du véritable besoin des enfants et des communes rurales. Sachez qu'aujourd'hui, nos équipes municipales, mais aussi les parents d'élèves et les habitants de nos communes resteront mobilisés contre la fermeture d'une de nos classes, et que nous sommes prêts à mettre en oeuvre tous les moyens dont nous pourrons disposer pour aller à l'encontre de votre décision.

Bruno Pham, élu municipal bénévole, mais aussi et surtout citoyen concerné.